Bonjour Éléonore, pourriez-vous nous parler de votre parcours personnel et professionnel qui vous a conduit à co-fonder TaKo Kids ?
Avant de fonder TaKo Kids avec Amélie Carriere, une collègue devenue une amie, j’étais responsable des expositions dans un musée parisien, où j’assurais aussi la rédaction de contenus pédagogiques et la coordination éditoriale des catalogues d’exposition. Historienne de l’art spécialisée en muséologie, j’ai à cœur depuis le début de ma carrière professionnelle de transmettre des connaissances en les rendant accessibles au grand public.
C’est cette passion pour la transmission des savoirs qui nous a réunies avec Amélie. Toutes les deux, nous aimons apprendre, expérimenter et partager nos découvertes. Fortes de cette expérience commune et de notre complémentarité dans l’organisation d’expositions, nous avons eu envie de nous lancer dans une nouvelle aventure professionnelle.
Comment est née l'idée de créer TaKo Kids, un magazine inspiré de la pédagogie STEAM, et pourquoi cette approche vous paraît-elle importante pour l'éducation des enfants de 7 à 12 ans ?
Le projet est né d’un constat : les enfants sont curieux et adorent recevoir des magazines dans leur boîte aux lettres. En étudiant les différentes propositions sur le marché, nous avons remarqué qu’il existe surtout de magazines divertissants, vite lus et délaissés, ou très spécialisés (nature, science, sport, princesses) qui n’intéressent qu’une partie des enfants. Ces magazines proposent une succession de formats courts, passant d’un thème à l’autre, ce qui encourage le zapping plutôt que la compréhension. Et les enfants restent bien souvent avec des questions en suspens et l’envie d’en savoir plus !
Nous avons donc développé un nouveau concept : un magazine qui allie lectures et activités autour d’un thème unique, pour transmettre aux 7-12 ans un contenu approfondi et de qualité, de façon toujours ludique et accessible. Pour cela, nous nous sommes inspirées de la pédagogie STEAM (Science, Technology, Engineering, Art, Math) qui permet d’aborder un thème porteur de façon pluridisciplinaire, pour favoriser la créativité et l’innovation chez les enfants.
TaKo, ça veut dire poulpe en japonais et cette mascotte à huit bras nous semblait parfaite pour illustrer ce concept, mais aussi la curiosité tous azimuts des kids !
Chaque numéro de TaKo Kids explore un thème unique à travers plusieurs rubriques. Pouvez-vous nous expliquer comment vous sélectionnez ces thèmes et la manière dont ils sont déclinés pour stimuler la créativité et l'innovation chez les enfants ?
Effectivement, chaque numéro explore un thème unique en 8 rubriques (histoire, sciences, nature, art…) pour en explorer toutes les facettes ! C’est ce qui nous permet de proposer aux enfants une expérience complète et ludique.
Nous avons choisi les thèmes des premiers magazines en co-création avec notre communauté d’abonnés, en faisant attention à alterner les thèmes à dominante naturelle (*Les jardins extraordinaires*), culturelle (*La magie des livres*), scientifique (*Fantastique optique !* ) ou même sportive (*En avant les Jeux !*).
Le thème retenu est ensuite décliné tout au long du magazine, en 44 pages de lecture et d’activités. Colorée et poétique, la maquette est conçue pour que les enfants puissent naviguer aisément d’une rubrique à l’autre : grâce au code couleurs et aux symboles qui leur permettent de se repérer facilement, ils parcourent leur magazine en toute liberté. En passant d’une rubrique à l’autre, ils font des liens entre les différentes facettes du thème : c’est la clé pour tout comprendre !
La pédagogie STEAM combine Science, Technology, Engineering, Art, et Math. Comment avez-vous intégré ces éléments dans le contenu du magazine de manière à le rendre à la fois ludique et éducatif ?
Notre magazine est un support clé en main, associant contenu et activités : dans chacune de ses 8 rubriques, il allie lectures, jeux, expériences, activités créatives et blagues pour une construction active des savoirs. Notre envie, c’est vraiment de cultiver l’émerveillement et de multiplier les talents des 7-12 ans… loin des écrans !
Pour cela, notre magazine reprend toujours ces 8 rubriques (même si l’ordre et la taille de chaque rubrique varient bien sûr en fonction du thème exploré) :
- Poulpe fiction : Une nouvelle aventure illustrée de TaKo, notre poulpe préféré
- Voyage dans le temps : Découvre les inventions et phénomènes qui ont marqué l’Histoire
- Explore au quotidien : Porte un autre regard sur la vie quotidienne et parcours le monde
- Sciences épatantes : Fais connaissance avec les grands concepts et les grandes figures scientifiques
- Machins, machines : Les innovations techniques n’auront plus de mystère pour toi
- Curiosités naturelles : La nature nous révèle ses secrets
- Tentacul’art : Rencontre des artistes extraordinaires et laisse libre cours à ta créativité
- TaKorama : Et si on allait plus loin ? Des recommandations de livres, podcasts, sorties… parce qu’on n’a jamais fini d’apprendre !
En attisant la curiosité des enfants et en les aidant à faire des connexions, TaKo Kids leur permet de trouver des réponses concrètes et ludiques à leurs questions et de s’ouvrir au monde.
Le magazine est 100% made in France et sans publicité, en plus de promouvoir des activités 'zéro gaspi’. Pouvez-vous nous parler de l'importance de ces choix éthiques et comment ils influencent la fabrication de chaque numéro?
Nos numéros sont conçus et fabriqués en France, par une petite équipe engagée qui partage ces valeurs durables et responsables. La graphiste et l’illustrateur sont en région parisienne et nous imprimons nos magazines en Bretagne, sur du papier sourcé. Afin de garder une pleine indépendance, notre magazine est aussi sans stéréotypes et sans publicité.
C’est un petit défi car cela implique bien sûr plus de contraintes économiques et logistiques, mais c’est vraiment important pour nous d’apporter à nos jeunes lecteurs et lectrices un magazine qualitatif, tant sur le fond que sur la forme.
Ces choix se retrouvent également dans les activités que nous proposons tout au long du magazine, aussi bien dans les bricolages que dans les expériences :
- Dans chaque numéro, les enfants peuvent fabriquer une carte pop up qu’ils peuvent garder ou envoyer.
- Il y a aussi des expériences simples, à réaliser avec du matériel que nous avons tous à la maison pour ne pas faire acheter aux parents des objets qu’ils ne réutiliseront jamais ensuite.
Il est très important pour nous de montrer aux enfants qu’ils peuvent faire des faire des activités “waouh” avec des choses simples.
TaKo Kids a remporté un Trophée de l'Éducation en 2023. Qu'est-ce que cette reconnaissance représente pour vous et comment pensez-vous qu'elle impacte la perception et l'adoption du magazine par les parents et les enseignants?
Pour valider notre concept, nous nous sommes beaucoup documentées et nous avons travaillé avec une vingtaine d’enseignants. Nous avions donc une grande confiance dans la pédagogie que nous proposons, mais il est certain qu’une reconnaissance rapide par des professionnels de l’Éducation confirme la justesse et le caractère innovant de cette approche, en plus de nous apporter un peu de visibilité.
Cela a d’autant plus de sens pour nous que notre magazine trouve sa place à la maison comme à l'école. C’est le complice des enfants curieux, mais aussi de leurs enseignants, qui l’utilisent comme support à la pédagogie de projet qu’ils sont de plus en plus nombreux à mettre en place dans leur classe. Nous proposons d’ailleurs aux enseignants en école élémentaire des packs pour construire des séquences de travail thématiques avec leurs élèves.
Quels défis avez-vous rencontrés lors du lancement de TaKo Kids et comment les avez-vous surmontés? Quels conseils donneriez-vous à d'autres entrepreneurs dans le domaine de l'éducation et des médias pour enfants?
Les défis sont nombreux lorsqu’on monte une entreprise et encore plus quand on n’est pas dans le secteur de la tech qui a le vent en poupe ! C’est d’autant plus précieux de se lancer à deux, on est vraiment un duo de choc avec Amélie, car nous avons des profils complémentaires et que nous discutons beaucoup.
Il faut également rester ancré dans la réalité et ne pas perdre de vue que son produit doit répondre aux besoins du public. Pour cela, rien de tel que de s’entourer de mentors déjà entrepreneurs, d’échanger avec des professionnels du secteur et de faire tester son produit par des clients cibles avant de le lancer.
Last but not least, c’est vraiment important de savoir s’adapter car il y a beaucoup d’imprévus et il faut prendre des décisions engageantes sans avoir forcément beaucoup de visibilité. Mais l’entrepreneuriat est aussi une aventure humaine et professionnelle très forte, qui permet d’apprendre énormément !
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