Satine, pourriez-vous nous parler de votre inspiration initiale pour créer 'Sur la route, j’apprends les départements'? Qu'est-ce qui vous a poussé à explorer la France à travers ses départements pour les enfants?
C'est en préparant ma classe de CE1 que j'ai eu l'idée de ce livre. Je n'avais pas de support ludique pour illustrer plusieurs thèmes du socle comme le français, les sciences, le terroir, la géographie, ou encore l'administration de notre territoire.
J'adore mon pays, alors j'ai pensé à un livre facile d'accès pour les enfants, coloré et qui donnerait quantité d'anecdotes et d'histoires sur nos territoires. Quoi de mieux que de découper la France en départements pour remplir cet objectif ?
Chaque département que vous évoquez dans votre livre semble comporter une anecdote ou une histoire unique. Pouvez-vous partager comment vous avez sélectionné ces histoires et l'impact que vous espérez qu'elles auront sur les jeunes lecteurs?
Tout d'abord, ce livre représente un peu plus de six mois de travail documentaire. Pour chaque département il a fallu sélectionner les points les plus représentatifs de chacun ou des anecdotes amusantes. Il a fallu aussi arbitrer le choix des personnages célèbres et le choix des tranches de notre Histoire relatées dans le livre. L'objectif était non pas d'enjoliver nos périodes sombres, mais de ne pas créer de polémique. Tous les sujets politiques ont donc été évités, le livre se voulant neutre. L'idée était avant tout de montrer un pays diversifié, pluri-ethnique, issu d'une grande diversité de cultures et de terroirs, le tout dans la bienveillance.
Votre livre met en avant des éléments transgénérationnels et l'inclusivité pour les enfants de familles non françaises. Comment avez-vous abordé ces aspects lors de la création des contenus et quelle importance cela revêt-il pour vous?
Autrefois, nous n'avions pas de tablettes, de téléphone portable, tout juste la télévision et pas tous les jours. Nous passions donc une partie de nos soirées à écouter nos parents et nos grands parents nous raconter les histoires de la famille, de nos régions, les légendes... tout cela s'est perdu. "Sur la route, j'apprends les départements" est un témoin et un passage de relais entre les générations. Nos premiers lecteurs lisent le livre avec leurs parents et leurs grands-parents et très vite, ils posent le livre car les anecdotes ont réveillé des souvenirs.
Pour les familles non françaises, nos jeunes lecteurs nous disent tous que sans ce livre, ils n'auraient pas pu apprendre autant sur leur pays, leurs parents n'étant pas en capacité de leur donner ce référentiel. Ces derniers, curieux, finissent par s'emparer du livre et le lisent avec leurs enfants.
L'illustration joue un rôle crucial dans les livres pour enfants. Quels ont été les principaux défis ou réussites lors de votre collaboration avec Ion Ion Gr pour donner vie à votre vision?
Lorsque j'ai commencé la rédaction du livre, il est très vite apparu que les illustrations "achetées" n'auraient pas le même impact qu'un vrai travail d'illustrateur. J'ai donc contacté Ion Ion Gr pour lui demander si le projet l'intéressait. Elle a tout de suite accepté. Je ne lui ai pas donné d'autres consignes que de faire un personnage, un coloriage et une illustration d'un produit du terroir. Elle est rapidement revenue vers moi en me proposant de mettre à chaque enfant un costume traditionnel inspiré de ceux des Miss France. Elle a fait un énorme travail de recherche. Chaque personnage présente son département aux lecteurs avec les couleurs et les vêtements typiques de son territoire. La principale difficulté qu'a rencontré Ion Ion Gr était d'être le plus fidèle possible aux costumes ancestraux. Elle y est parvenue pour un résultat bluffant.
Avec l'ambition d'entrer dans les écoles, comment envisagez-vous d'intégrer efficacement 'Sur la route, j’apprends les départements' dans le milieu éducatif français? Quels avantages éducatifs précis souhaitez-vous qu'il apporte aux élèves?
"Sur la route, j'apprends les départements" permet aux enseignants de travailler de très nombreux sujets : l'histoire, la France administrative, les sciences, la médecine, les langues régionales, ect.. Les illustrations présentes dans presque toutes les pages permettent à l'enseignant de donner de la matière aux enfants avec un coloriage ou une langue régionale. Par exemple, l'enseignant peut aborder la question du progrès en évoquant le célèbre télescope de M. Cassegrain. Son histoire montre qu'un homme, ayant des compétences en astronomie et en ingénierie, peut révolutionner une science. Son invention a permis de démocratiser l'astronomie auprès du grand public. On peut aussi aborder des sujets plus légers comme la camaraderie avec la Confrérie Mondiale des Chevaliers de l'Omelette qui se trouve dans en Haute-Garonne. Les savoir-faire ancestraux, car nous sommes avant tout un pays de paysans et d'artisans, sont mis en avant tout au long du livre. Cela permet aux enseignants de présenter de nombreux métiers et de montrer aux enfants qu'il existe une foule d'options pour leur avenir.
Votre livre se distingue par ses 200 pages de contenu riche en comparaison à la moyenne du marché. Quels sont les critères clés que vous avez suivis pour assurer cette richesse tout en rendant le livre abordable pour les familles?
Au départ, le livre devait faire 100 pages. Nos lecteurs test nous ont tous dit que le livre était très intéressant mais trop condensé. Nous les avons écoutés en faisant le choix de présenter chaque département sur des doubles pages avec une alternance de couleur à chaque numéro. Cela m'a permis de mettre plus d'anecdotes et d'être moins limitée dans mes choix éditoriaux. En ce qui concerne le prix du livre, mon éditeur, les éditions Yoshiaki veille à ce que tous ses livres jeunesse soient abordables afin de permettre au plus grand nombre d'en profiter. Cela a un coût avec des marges réduites, mais c'est d'abord un choix engagé de rendre l'offre jeunesse accessible à tous.
Vous préparez un second livre jeunesse sur le thème du choix. Pouvez-vous nous donner un aperçu des thèmes que vous souhaitez explorer et la manière dont vous souhaitez encore toucher et inspirer vos lecteurs?
Oui. Ce second livre a pour objectif de faire comprendre aux enfants que le champs des possibles est immense à leur âge. Et qu'à chaque fois qu'ils disent non à un enseignement, ils ferment des portes qu'il sera difficile d'ouvrir plus tard. J'ai testé cette histoire sur mes enfants. Ma fille qui avait sept ans m'a reparlé de mon histoire plusieurs mois après et m'a dit : tu vois maman, j'ai choisi de ne pas fermer de portes. Alors, je me suis dit que je devrais partager cette histoire pour aider d'autres mamans a faire en sorte que leurs enfants laissent un maximum de portes ouvertes.
Pour en savoir plus : https://www.editions-yoshiaki.fr/
